mars 2025

Les 7 décapitations de Caravage-Sérigraphies de Manuel Scalora

exposition
Les 7 décapitations de Caravage-Sérigraphies de Manuel Scalora - Les Modernes - librairie Grenoble

À l’image de sa propre vie, l’œuvre de Caravage est en grande partie marquée par une violence et une brutalité qui se donnent à voir dans la force du contraste, l’omniprésence du rouge sang, le réalisme cru de l’image et le choix des sujets morbides. Cette violence est à son paroxysme dans les sept œuvres représentant des scènes de décapitations où les têtes coupées sont autant d’autoportraits du peintre brouillant les pistes de l’identification. Caravage nous renvoie ainsi à notre propre rapport à la justice, à la violence qu’elle engendre, à l’acte ultime du meurtre, légal ou légitime.
Sommes-nous celui ou celle qui tient l’épée dans sa main ou la tête délestée de son corps ? Qui se fait le bras armé de la justice ? Qui verse son sang et selon quel ordre, quelle époque ?
Dans sa peinture, Caravage mêlent les thèmes religieux et mythologiques, il les détourne du sacré en leur donnant un caractère profane et social. Les figures religieuses prennent forme sous les traits de gens
de la rue, représentés dans leurs vêtements d’époque et dans leur crasse. Ce ne sont plus les stigmates d’une action divine fantasmée que nous regardons mais ceux d’une vie misérable et bien réelle. Ce détournement du religieux aura valu à Caravage de se voir en son temps désavoué par l’Église. Aujourd’hui, son œuvre bénéficie pourtant d’une double sacralisation, celle de la religion par la présence de nombre de ses peintures dans des églises d’Italie et plus particulièrement à Rome, et celle de l’art qui le reconnait désormais comme l’un des plus grands peintres de notre histoire.
C’est maintenant à notre tour d’effectuer ce détournement en dérobant au sacré ce qui nous appartient de fait car faisant partie de notre culture commune : ces œuvres de Caravage que nous admirons et qui nous touchent.

Comme dans les nombreux projets musicaux dans lesquels il est impliqué, Manuel Scalora tente de révéler dans son travail plastique une certaine forme de lyrisme et d’établir des résonances entre classicisme et contre-culture, structure et chaos. Après les sérigraphies sombres et argentées réalisées en 2020 d’orgues et des cathédrales qui les abritent, c’est au tour de l’œuvre de Caravage d’être représentée dans son réalisme et sa violence.

Entrée libre, l’exposition se trouve à l’étage
Sérigraphies consultables au RDC

Vernissage vendredi 7 mars à partir de 18h30