Une programmation géniale pour ce festival qu’on adore et dont on est partenaire depuis de longues années. Regards Croisés, organisé par Troisième Bureau, est le festival des écritures théâtrales contemporaines à découvrir ici ! C’est du 23 au 27 mai au Théâtre 145 (TMG).
Et il y aura une belle librairie !
Avec l’édito de Magali Mougel à lire ici :
POUR LA SUITE DU MONDE (1)
La question de la cohabitation n’a jamais été aussi pressante.
Car il va nous falloir apprendre à cohabiter, vivre avec : avec ce que de moins glorieux en nous il y a, avec ce que de faiblesses persistantes en nous et à côté de nous, il y a. Mépris, machisme, oppression, discrimination, intimidation, chantage, conservatisme et intégrisme, racisme, xénophobie… la colère et l’envie d’en découdre ne seront peut-être plus suffisantes pour endiguer tout ça.
Ah, quand l’humanité comprendra-t-elle qu’en vérité elle n’est rien… qu’à elle seule, elle ne vaut rien !
Même si un président, un trader, un milliardaire, un CRS, une femme de ménage, une chienne errante, un rat, un vautour sont un même amas de cellules, les technos-fachos, le bon petit chien de la république capitaliste, les désherbeurs en tout genre et autres pros du Kärcher continueront à se demander à quoi servent les tiques, les punaises et les blattes.
Pour la suite du monde il va nous falloir encore réfléchir et encore inventer des moyens d’agir pour stopper encore et encore les questions inutiles comme : « Qui de toi ou de moi est le plus étranger en ce monde ? » « Qui de toi ou de moi est le plus légitime à vivre en ce monde ? »
Avec tout ce qui nous dépasse, IL VA NOUS FALLOIR TROUVER COMMENT COHABITER, VIVRE AVEC ! Avec les langues synthétiques, le silence et les mastications. Avec les falaises, le feu, les morts, les tunnels, les bandes sans nom, les débandades et les coudées franches, avec les courses poursuites organisées, le mal dans le bide et le vertige de devoir toujours tout recomposer, avec les NON sans sens et les sens sans nom, avec les interdits et les flics, les voyous, les mecs bien assis, les places et les chasses gardées, les bites en érections et les désirs de cuissage, les parties sans organes et les fêtes génitales, avec les modérations gériatriques et encore la mort, le souffle, les arrêts nets et autres états de fuite. IL VA NOUS FALLOIR COHABITER, VIVRE AVEC !
Et dans tout ça créer des espaces inattaquables.
Construire des entrailles et des assises solides.
Et il faudra s’enflammer !
sans condition encore et encore contre les musèlements, les nombrilismes, les « on peut plus rien dire », les « on veut nous prendre notre place », les « c’était mieux avant », les « il n’y a pas d’alternatives » : contre les bouches aux mots qui coupent en deux comme on castre un chat.
Cette 25e édition de Regards croisés se place sous ces feux ardents ! ce besoin de se saisir de ce que de vie il y a encore au-delà des doigts d’honneur que nous font les figures imposantes du patriarcat néolibéral !
Les auteurices que vous découvrirez tracent des sillons, compostent, enquêtent, tremblent et dérivent là où l’on pense les contrées stériles. Les auteurices que vous entendrez ouvrent des brèches, disloquent ce qui va de soi et nous redonnent envie de mettre le feu ! Ce qui crée de l’en-commun ce sont les poèmes, les récits, les histoires, la force d’écrire au-delà de la catastrophe et il faudra bien se mettre ça une bonne fois dans la tête, car sinon nous allons puer et crever bien plus vite que prévu.
Alors fasse que cette 25e nous permette d’incendier ce qui nous incendie !
Magali MOUGEL Présidente de l’association
(1) Ce titre et ce texte sont un écho à une phrase de Martine Delvraux dans son ouvrage POMPIÈRES ET PYROMANES, Lettre en état d’urgence, Ed. Les Avrils, 2022
Dans divers lieux, et à divers moments, c’est gratuit!