Mains-Paysages est un projet voyageur. Il est né à Providence, aux États-Unis, a grandi à Paris et s’est transformé à Berlin. À l’origine, c’est un projet poétique développé par Lénaïg Cariou dans son recueil À main levée (LansKine, juin 2024) : une exploration du langage par le prisme des mains. La rencontre avec le travail photographique de l’artiste québécoise Neïtah Janzing à Berlin, au printemps 2023, en a fait un dialogue. Tirant les fils de l’érotisme des mains, organe à la fois le plus nu et le plus exposé, Neïtah Janzing arpente les rues de la capitale allemande pendant une année à la recherche des mains baladeuses dont les surfaces se mêlent à celles de la ville, échangeant toujours avec ses habitant·es sur cette intimité perceptible. Plusieurs temporalités et mediums se superposent : les différents pays, les manipulations linguistiques et les manipulations photographiques. Cariou travaille la matérialité des mots, les étire, les transforme, les invente, ajoutant suffixes, préfixes, effets d’échos qui trouvent leur espace dans la surface blanche de la page ; Janzing superpose les clichés sur le même film argentique, surimpressionne les images, créant un effet de multiplication fantomatique laissé au hasard des caprices de sa caméra. Ensemble, elles souhaitent explorer, parallèlement, trois dimensions de nos vies quotidiennes : le corps, la langue et les espaces ; en réinventer nos intimités.
Ces dix dernières années, Lénaïg Cariou a vécu aux Etats-Unis, à Paris et à Berlin. Elle est poète, traductrice et chercheuse. En parallèle d’une thèse en poésie contemporaine à l’Université Paris 8, elle développe ses activités poétiques multiformes. Elle a cofondé et codirigé la revue Point de chute de 2020 à 2022. Avec le collectif Connexion Limitée, qu’elle a cofondé avec Shira Abramovich, Camille Blanc et Nadia Wolff, elle traduit de la poésie états-unienne en français, et inversement. Elle conçoit ses traductions comme des rencontres et des dialogues, qui sont autant de terreaux pour ses écrits futurs. Avec le collectif franco-suisse Viscose, elle aspire à créer de nouvelles formes artistiques en réseaux. Elle écrit en français, et parfois en anglais, et ses textes paraissent en revues en Europe et en Amérique du Nord. À main levée (LansKine, 2024) est son premier recueil.
Neïtah Janzing est née au Québec, et vit actuellement en Allemagne, où elle préside le Réseau des Autrices Francophones de Berlin. En 2022, elle cocréé avec Laurence ErmacoVa le U8 Kollektiv, collectif qui s’applique à rendre visible la poésie dans l’espace public. Son travail artistique explore différents medium ; par la photographie, elle recherche sur nos manières d’habiter nos corps. L’écriture la porte à questionner le corps féminin dans l’espace public et le flâneurisme. Elle aime à se questionner sur les gens qui l’entourent dans les rues et les cafés, s’intéresse au moment même où des rencontres se manquent ou se créent, et ce qu’elles portent en elles. Elle travaille à l’écriture de son premier recueil de poèmes, Sanguinem laxare, pour lequel elle a reçu une bourse de travail du Förderkreis der Schriftsteller:innen in Baden-Württemberg.
suivie d’une lecture et d’une rencontre à 19h30
entrée libre, l’exposition se trouve à l’étage