Par l’autre porte, les larmes et leur consolation… Dans Matières spectrales, ouvrage initialement paru aux États-Unis en 1997, et publié en France cette année aux éditions B42, la sociologue marxiste et féministe Avery Gordon s’intéresse à la hantise, qu’elle définit comme un système qui altère la linéarité de nos vécus. La hantise produit des spectres ou des fantômes, qui apparaissent quand le trouble qu’ils représentent ne peut plus être contenu ou réprimé. Quelles hantises, quels fantômes cheminent structurellement à nos côtés? Ici, la hantise est un état sociopolitique, qui engage un « devoir faire » collectif. Avery Gordon s’y intéresse à travers l’histoire de la psychanalyse, la dictature argentine ou encore l’esclavage aux États-Unis.
En empruntant la méthode même d’Avery Gordon, qui puise en partie sa matière dans la littérature, Julia Burtin Zortea – traductrice de l’ouvrage en français – présentera ce livre indescriptible par un jeu d’écho convoquant des extraits de Toni Morrison, de Luisa Valenzuela ou de la contemporaine Mariana Enriquez. Inquiétante étrangeté bienvenue !
« Affronter les fantômes, ce n’est pas comme décider de lire un livre : on ne peut pas simplement choisir les fantômes qui nous intéressent. » (p. 189).
Profondément interdisciplinaire et véritablement innovant par son approche, Matières spectrales est écrit avec une puissance à la hauteur de son sujet, et offre une vision nouvelle des intersections complexes de la race, du genre et de la classe.
à 19h à la librairie, entrée libre, accessible PMR